Galerie H2O Oberkorn 2014 - 01 au 31.05.14
Dans le cadre des différentes manifestations organisées à l’occasion du Festival de la Culture industrielle et de l’Innovation qui se déroule jusqu’au 4 juillet dans tout le bassin minier, le service culturel de la ville de Differdange nous propose de découvrir actuellement dans les impressionnants espaces de l’ancien réservoir d’Oberkorn une exposition qui met en lumière les peintures récentes de Robert Viola et les étonnantes sculptures de Misch Feinen.
Dans les travaux de Viola (né en 1966) s’imposent à nous des plates-formes pétrolières érigées comme des cathédrales en plein océan, des tankers, monstrueux géants des mers aux entrailles gonflées d’or noir, des porte-containers comme symbole d’une outrancière économie globalisée, des ponts transbordeurs et des grues dressant fièrement leur flèche tel un salut à la surconsommation et enfin, des forêts funestement outragées et sacrifiées pour le profit et le confort du genre humain.
Artiste et homme doté d’une perspicacité et d’une sensibilité particulièrement aiguisées, Robert Viola ouvre dans son univers de nouvelles perspectives sur la mondialisation, le progrès technologique ou l’écologie. Témoin d’un monde en perpétuelle mutation, historien d’une modernité éphémère, penseur de la place de l’Homme moderne dans un environnement marqué tant par le développement que par le déclin économique, Robert Viola dresse, par le biais de ses œuvres, un état des lieux de la société contemporaine.
Né au cœur des Terres-Rouges, il a connu la prospérité puis le déclin de la sidérurgie transfrontalière. Son adolescence fut marquée par la désindustrialisation de notre continent européen. Aujourd’hui, il est parfois confronté lors de ses voyages physiques ou lors de ses pérégrinations virtuelles sur Internet à la paupérisation de nos cités et s’interroge également sur les mutations énergétiques à venir.
Par conséquent, le peintre ne peut s’empêcher dans sa production picturale de sonder notre avenir collectif et celui de notre planète en plaçant toujours son approche à la frontière de la réalité et du mythe, du passé et du présent, de la grandeur et du déclin.
Ainsi, les oeuvres de Robert Viola résonnent comme un Memento Mori et bon nombre de ses tableaux peuvent être appréhendés comme des vanités contemporaines. En lieu et place du traditionnel crâne d’Adam, de la bougie à la flamme vacillante, des bulles de savon ou du sablier, les ruines, la déforestation, les coques de navires rouillées, les vestiges d’une industrie ou d’une économie sinistrée évoquent le non-pérenne et en même temps les affres de notre condition humaine. Dans l’atmosphère particulière qui nimbe l’espace H2o, sa peinture devient grave, nous invite à une sorte de prise de conscience, bien que l’artiste ne se pose jamais en donneur de leçon. Son simple désir est de nous interpeller avant qu’il ne soit trop tard.
Soulignons enfin, l’accrochage particulièrement soigné qui dote l’exposition d’une qualité quasi-muséale. Nous prenons un réel plaisir à déambuler au sein d’oeuvres en parfaite adéquation avec la riche culture industrielle du sud du pays.
Nathalie Becker